Les ODD au cœur de la stratégie RSE de la gendarmerie

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Benoît Martin est auditeur interne RSE à la gendarmerie nationale pour la zone de défense et de sécurité Est, qui couvre les régions Grand-Est et Bourgogne-Franche Comté. Il nous explique comment il utilise les ODD pour valoriser et accompagner le développement de pratiques éco-responsables dans les casernes.

C&T : Dans quel contexte avez-vous commencé à vous intéresser aux ODD ?

B.M. : Je dirais que cela remonte à 2018 quand, en tant que contrôleur interne, j’ai dû mener tout un travail visant à vérifier que la loi Egalim était respectée dans les points de restauration gérés par les casernes. La définition du développement durable m’a naturellement amené aux ODD. Depuis 2020 le Commissariat Général au Développement Durable pilote la démarche Services publics écoresponsables, qui est déclinée parmi les services de l’Etat. Nous sommes maintenant dans le déploiement d’une stratégie RSE au sein de la gendarmerie.

D’une manière plus globale, il est à souligner que l’on observe depuis 2 ans une montée en puissance du volet opérationnel environnemental, avec des référents et une appli dédiée à l’environnement. Sur les 17 000 infractions qui existent en France, 5 000 sont liées à l’environnement, mais seulement 1% des plaintes concernent de type d’infractions. Il y a donc un potentiel remarquable en termes de protection de l’environnement, cela nécessite d’accompagner les élus locaux et les citoyens, ce que nous faisons avec l’aide de l’OFB.

C&T : De quelle manière utilisez-vous les ODD pour déployer la stratégie RSE ?

B.M. : En 2020, j’ai commencé par recenser les bonnes pratiques, tout ce qui avait déjà été mis en place. Dans la région Grand Est il y a 350 casernes, ce qui représente un effectif de 10 000 gendarmes. J’ai fait remonter 1 300 actions, tous domaines confondus – achats durables, restauration, évolution des mobilités, gestion des matériels, gestion des déchets, biodiversité, …-. J’ai pu rattacher chaque action à un ODD principal et des ODD secondaires, ce qui permet de mesurer l’impact global sur les ODD.

Par exemple, il y a des jardins partagés, et même des poulaillers collectifs, des initiatives de compostage, des projets d’éco-pâturage avec l’association Les écopattes comme à Augny sur la base aérienne des hélicoptères. Je porte un projet d’éclairage intelligent à la caserne Radet à Metz, qui favorisera la biodiversité et le bien-être des résidents. A Mars-la-Tour, les gendarmes ont monté un groupement d’achat de produits locaux au sein de la caserne.

Ce sont les gendarmes qui représentent l’Etat dans les territoires isolés, ils doivent montrer l’exemple. Comme ils sont mutés régulièrement, et qu’ils sont souvent en mission, ils n’ont pas toujours le temps de s’intégrer à des projets locaux, c’est pour cela qu’ils prennent des initiatives sur leur lieu de vie. Ils ont de la place, surtout dans les casernes destinées aux gendarmes mobiles qui couvrent en moyenne 7 ha, dont 4 ha d’espaces verts.

C&T : quels sont vos projets pour faire fructifier toutes ces initiatives ?

 B.M. : Pour moi les bonnes pratiques commencent à l’échelle individuelle, puis collective avec des actions dans les casernes. Si nous voulons qu’une intendance durable se pérennise, il lui faut un sens social suscitant l’adhésion des usagers, comme les poulaillers permettant de tisser le lien intergénérationnel. Ensuite il faut une cohérence avec le territoire, particulièrement vis-à-vis de familles de gendarmes en demande d’intégration dans leurs collectivités. Ainsi, la réputation du gendarme a davantage de chances de se diriger vers un aspect de proximité au sens large. Une étude sociologique mettant en exergue la vie d’une caserne et l’inclusion de ses résidents dans un territoire consolidera les orientations souhaitées vers des partenariats outre-sécuritaires. C’est mon credo : pas d’environnemental sans social. Le rayonnement sociétal qui s’en suit doit alors s’inscrire dans une gouvernance non seulement durable, mais donc inclusive. Le projet Helix permet d’étudier les documents d’urbanisme, sectoriser les casernes et les rattacher à des SCoT. Si cette inscription dans une cohérence territoriale est bénéfique pour toutes les parties prenantes, cibler les ODD qui pourraient être atteints dans un souci de durabilité prendra alors tout son sens.

Publiée le Jeudi 19 Octobre 2023
Porteur de projet : Gendarmerie nationale, zone de défense et de sécurité Est
Personne à contacter : Benoit Martin - benoit-2.martin@gendarmerie.interieur.gouv.fr