La communauté de communes de Bruyères Vallons des Vosges protège la biodiversité nocturne
Retour à la listeLa communauté de communes Bruyères Vallons des Vosges a remporté le titre de Capitale française de la biodiversité 2024. Ce concours vise à identifier, valoriser et diffuser les bonnes pratiques des collectivités en faveur de la biodiversité.
En 2024, le thème proposé était « Sobriété & Biodiversité ». La communauté de communes mène beaucoup d’actions très inventives sur ce thème, dont plusieurs convergent pour préserver et restaurer la trame noire.
« Nous avons à cœur de prendre en compte la biodiversité dans son intégralité, c’est pourquoi nous avons porté une attention particulière aux espèces nocturnes lors de l’élaboration de notre atlas de la biodiversité» indique Odeline Dallongeville, responsable environnement de la communauté de communes. « Sur la sobriété lumineuse, notre angle principal est la biodiversité et non les économies d’énergie » poursuit-elle.
Trame noire
Suite à la réalisation de son atlas de la biodiversité qui a mis en valeur une biodiversité nocturne très riche, la communauté de communes a défini sa trame noire sans se limiter à la seule pollution lumineuse. C’est l’équivalent de la trame verte et bleue qui s’attache à préserver les continuités écologiques (habitats favorables au déroulement du cycle de vie et aux déplacements des espèces). Elle s’intéresse particulièrement aux espèces nocturnes et à la lumière comme obstacle pour la biodiversité.
En croisant les jeux de données disponibles (carte de radiance, trame verte et bleue, éclairage public) et en produisant des données complémentaires (relevés de terrain, questionnaire aux communes sur la voirie éclairée), la communauté de communes a établi une cartographie des obstacles et des pressions (éclairage public et privé, réseau routier, discontinuités des haies et des mares). Cette cartographie a ensuite été croisée d’une part, avec la carte des observations d’espèces nocturnes et de leurs besoins et d’autre part avec la carte des continuités écologiques des milieux favorables à chacun des groupes d’espèces concernés (rapaces nocturnes, chiroptères, amphibiens, hétérocères).
Finalement, plus qu’une cartographie conventionnelle de la trame noire, la communauté de communes a produit une cartographie de la trame nocturne du territoire, déclinée à l’échelle de chaque commune à qui elle a été diffusée.
Programme d’actions et de sensibilisation
Cette cartographie a été le point de départ d’un programme d’actions et de sensibilisation comprenant :
- Des ateliers participatifs de fabrication des nichoirs à chauve-souris communaux (2023) ;
- Une intervention sur les enjeux de la trame noire et l’organisation d’atelier de fabrication de nichoirs au collège Charlemagne (2023) ;
- La mise en place de 2 crapaudromes du 24/02 au 24/04 ;
- Une veille nocturne des enseignes allumées en cœur de nuit, et la diffusion de la liste des enseignes aux communes, accompagnée d’un modèle de courrier pour qu’elles puissent rappeler la réglementation aux entreprises (2024). Cette initiative a été très efficace puisque l’éclairage nocturne lié aux enseignes lumineuses a été réduit de 40% ;
- Un colloque à destination des élus et la formation annuelle des agents communaux à la biodiversité nocturne et à la sobriété énergétique, et l’accompagnement des communes pour leur participation au Jour de la Nuit, recherche de prestataires, de financements… ;
- La réalisation d’une carte aux trésors nocturne à vélo (conçue en 2024, mais reportée en 2025 pour cause de mauvais temps) ;
- La création et le déploiement d’une charte intercommunale signée par les communes, comprenant 3 niveaux d’engagement. Cette charte est co-signée avec le PETR du Pays de la Déodatie et a été produite avec l’aide du SDEV et du PNR Ballons des Vosges (2024).
La charte d’engagement des communes
La communauté de communes propose et anime une charte fédérant l’engagement des communes et de l’intercommunalité pour la préservation et la restauration de la trame noire (à consulter ici). Explicitement motivée par la préservation de la biodiversité, cette charte ne fait volontairement aucune référence aux économies d’énergie, élus et techniciens ne souhaitant pas que cette conséquence éventuelle dilue le sens premier de la charte.
Dès le 1er niveau d’engagement, les communes doivent éteindre l’éclairage public « pendant la période d’activité des chauves-souris » du 1er avril au 31 octobre sur une plage horaire minimale de 21h30 à 6h (cela équivaut selon l’éphéméride solaire à une extinction totale de fait entre le 6 juin et le 15 juillet, période clé pour la mise bas et l’élevage des jeunes chiroptères) et de 22h à 6h au minimum le reste de l’année (hors événements nocturnes ponctuels). Les communes signataires s’engagent de plus à veiller à l’application de la réglementation pour les éclairages privés, à signaler à la communauté de communes leurs observations de zones d’écrasement d’amphibiens ou de collisions avec d’autres espèces nocturnes mais aussi à diagnostiquer la présence éventuelle de chiroptères avant tout projet de rénovation du bâti (via l’association CPEPESC Lorraine). La communauté de communes forme et accompagne ses communes à la pose de gîtes à chauves-souris sur le bâti.
Le niveau 2 de la charte demande en complément une extinction totale de l’éclairage public du 1er mai au 31 août, l’optimisation de l’éclairage public a minima sur les zones de conflit avec les continuités écologiques et la restauration des habitats des espèces nocturnes.
Le niveau 3 demande enfin l’application des engagements des niveaux 1 et 2 à l’ensemble de l’espace public.
Actuellement, sur les 34 communes de la communauté de communes, 24 communes ont adhéré à la charte « trame noire », 8 n’ont pas souhaité y adhérer et 2 doivent encore apporter leur réponse.