Une organisation du transport scolaire au service de la mixité sociale à Remiremont

A Remiremont : parmi les écoles de la commune, l'une pâtit d'un contexte difficile
Sur Remiremont, aucun établissement n'est classé en zone d'éducation prioritaire. Pourtant une école fait l'objet d'une attention particulière et d'un diagnostic alarmant. Le constat établi dans le cadre du CUCS au niveau de la Réussite Educative a montré de façon tangible l'ampleur et l'accroissement des difficultés scolaires rencontrées par les élèves issus du quartier de Rhumont.
Et cela malgré les nombreuses actions et d'importants efforts consacrés à la fois par l'Education Nationale, la Municipalité et les partenaires de terrain travaillant auprès de la jeunesse du site : les effectifs de cette école sont depuis 1991 en chute libre. Les familles dont l'implication au niveau de la réussite éducative des enfants est importante et dont les moyens permettent de prendre en charge le problème de mobilité, ont ainsi scolarisé leurs enfants au centre ville. Le diagnostic a montré une fuite importante de l'ordre de 3 à 4 classes (soit 83 élèves) des milieux sociaux les plus favorisés.
En 2007, le groupe scolaire du site présente donc une absence de mixité sociale et culturelle manifeste, qui rend difficile le travail des enseignants et la réussite scolaire des élèves. Au travers des éléments statistiques fournis par l'Inspection Académique, il apparaît ainsi que :
• Plus de la moitié des enfants accueillis dans l'école ne possède pas le français comme langue maternelle.
• Près de 30 % de la population scolaire du 1er degré est repérée en grande difficulté dans les apprentissages fondamentaux et particulièrement dans la maîtrise de la langue orale et écrite.
• Le taux de redoublement (24%) est supérieur au taux national.
• Les évaluations en français et en mathématiques montrent en CE2 un retard de près de 30 points par rapport à la moyenne nationale.
La commune décide de réorganiser son transport scolaire
Devant cette situation, la municipalité, en concertation totale avec les membres de l'Education Nationale, a décidé d'expérimenter la mesure proposée de mixité choisie, c'est-à-dire de "busing" pour les élèves de CM1/CM2 de l'école du quartier. Ce concept trouve son origine dans l'Amérique déségrégationniste des années 70 ; l'idée est de faire progresser la mixité sociale en favorisant la mixité scolaire. Concrètement, le système de busing concerne les élèves de CM1/CM2 de l'école du quartier Rhumont ; c'est un système de ramassage scolaire comprenant deux mini-bus, qui transporte une vingtaine d'élèves de leur quartier d'habitation aux trois autres écoles publiques de la commune, en dehors de leur quartier. Bien entendu, le retour après la classe est assuré par ce même système. Le midi, leur intégration dans les autres écoles rend effectivement nécessaire la fréquentation de la cantine scolaire. Un aménagement spécifique organisé par l'Education nationale permet aux élèves en difficultés de bénéficier de l'aide individualisée des enseignants pendant le temps interstitiel, afin que les enfants puissent rentrer le plus rapidement possible sur le quartier, dans leurs familles.
Il faut bien noter que le contexte local, caractérisé par un nombre limité d'enfants concernés, et aussi et surtout des temps de transports peu importants, rendait plus pertinente l'expérimentation proposée. En effet, une condition de réussite de ce type d'aménagement est bel et bien l'idée que les temps de transports n'impactent pas considérablement le rythme de vie des enfants.
L'objectif était de permettre à ces enfants d'intégrer des classes où l'on trouve la mixité nécessaire à la réussite scolaire. La rencontre avec d'autres milieux sociaux leur permettant de développer d'autres ambitions, et d'être stimulés scolairement. Il s'agissait dans le même temps, de travailler plus en amont à leur intégration, et à leur réussite au collège.
L'intégration des enfants concernés est suivie dans le cadre du programme de réussite éducative, afin que la désorientation éventuellement provoquée par un nouvel environnement (quartier, professeur, élèves) ne constitue un frein supplémentaire à leur réussite.
1 / Auprès des élèves =
• Leurs résultats à travers les évaluations de la classe, nationales CM2 (passation des épreuves CM2 et mesures des écarts entre novembre et janvier)
• Des textes écrits des écoliers prenant en compte les différents aspects du « busing »: leur travail à l'école, leurs résultats, les copains à l'école, la cantine, le transport en bus, le retour dans le quartier et des propositions pour améliorer la mesure.
• Le renseignement individuel d'un tableau mesurant l'indice de statisfaction (5 étant la note la plus forte)
Penses-tu avoir fait des progrès dans ta nouvelle école? 1 2 3 4 5
Est-ce-que tu penses que cest mieux qu'avant? 1 2 3 4 5
Est-ce-que tu penses que le transport est bien organisé? 1 2 3 4 5
Rencontre avec tous les parents concernés par cette réorganisation
Bilan écrit sur les résultats mais aussi sur les difficultés rencontrées
4/ Nos partenaires =
Enquête auprès des partenaires associatifs particulièrement les éducateurs et animateurs en charge du péri-scolaire et de l'aide aux devoirs.
3,9/5 pour l'intégration
4,7/5 pour les progrès ressentis
3,1/ 5 pour l'amélioration globale
4,3/ 5 pour le système de transport
Dans le cadre du plan espoir banlieue, l'ACSé soutient et finance des opérations de "busing" initiées sur huit communes françaises - dont celle de Remiremont - à partir de novembre 2008.
En 2012, l'ACSé, après une évaluation nationale, non convaincue de l'utilité sociale du dispositif, annonce qu'elle s'en retire. La commune, à l'inverse, persuadée de son bien-fondé, persiste dans cette voie et maintient le dispositif (une ultime aide de l'ACSé est accordée à la commune en 2012)
MAIRIE DE REMIREMONT
Carole RUER : carole.ruer@remiremont.fr